La phare d'Armen est le plus emblématique des phares français.
Il fascine depuis toujours tant par sa construction, par la vie des gardiens et, bien sûr, pour les nombreuses photos prises durant les tempêtes.
Comment se passait la vie à bord ?
J'ai deux pages qui parlent de ce phare. Une page dite "générale" et une page qui montre de nombreuses photos prises de près.
Une page troisième page explique comment les relèves étaient réalisées.
Mais l'intérieur du phare est très rarement montré. Pourquoi ? La réponse est simple, aucune visite n'est possible depuis le départ des gardiens. La seule visite a été l'équipe de Thalassa. Ils ont pu filmer de brèves séquences dans le phare.
Dans ces conditions, faire une page sur l'intérieur du phare n'est pas facile. Mais des photos, prises du temps des gardiens, circulent. Ce sont ces photos que j'ai réunies ici. Elles ont été commentées par d'anciens gardiens. J'ai tout réuni pour comprendre l’intérieur.
Bonne visite.
Pour se rendre compte de l'agencement intérieur, il faut commencer par comprendre la construction de ce phare et ses dimensions.
En 1817, Beautemps-Beaupré fait le relevé des côtes françaises. Lorsqu'il arrive à la Pointe du Raz, il trouve une avancée de plus de 20 km constituée de roches granitiques. C'est la Chaussée de Sein. Ce plateau présente des roches qui sont visibles le plus souvent par basse mer. Il ne parvient pas à en faire le relevé. Aucun bateau ne sait passer à l'ouest de l'île de Sein. Un phare est indispensable pour sécuriser la circulation car il faut contourner cette chaussée.
Après de nombreuses recherches, une roche est trouvée. Elle n'est pas grande, 17 m de long pour une largeur entre 11 m et 6,50 m. De plus, elle ne se voit que 15 à 16 jours par mois.
Les travaux débutent le 13 avril 1867 et le phare est mis en service le 31 aout 1881.
Le fut est monté sur une base qui a une hauteur d'environ 8 m. Le fut est cylindrique et légèrement conique. A sa base, il a un diamètre de 7,20 m et une hauteur de 34,50 m. Comme on le voit sur la coupe du phare, chaque niveau a une pièce. Elle forme un demi rond d'un rayon de 1,40 m. A côté, le rond est l'escalier. Un calcul vite fait démontre l'épaisseur du mur, plus de 2 m. Ce qui ne laisse que peu de place aux gardiens.
La porte d'entrée du phare se trouve entre deux silos. Ces silos servaient au stockage de l'eau et du gasoil. Ils ne sont plus utilisés car elles ont des fuites.
A côté du silo de gauche, il y a un réduit. C'était le WC. On peut dire qu'il était bien aéré ...
Des barres étaient prévues pour consolider la porte lors des coups de butoir des vagues lors des tempêtes.
Passé la porte, un couloir étroit de 0,80 m donne accès au vestibule. Deux renforcements permettaient de placer un placard et une étagère. La longueur de ce couloir est l'épaisseur du mur ...
Le vestibule n'est pas grand, il a la même taille que les pièces supérieures. En dessous, il a été prévu la soute au charbon.
Ce vestibule servait de stockage au pétrole et au gasoil.
La seule lumière extérieure vient de la petite fenêtre au-dessus de la porte d'entrée.
L'escalier en colimaçon se trouve à l'opposé de la porte d'entrée. Cet escalier de pierre permet d'accéder aux 7 niveaux. Soit de l'entrée du phare à la salle des moteurs.
L'escalier est placé dans un cylindre de 1,60 m de diamètre. Entre l'escalier et l'extérieur du phare, le mur n'a qu'une épaisseur de 1 m. Une fenêtre éclaire entre chaque niveau. Soit 6 doubles hublots.
A chaque étage, une porte permet d'isoler la pièce de l'escalier. Ce qui est bien pratique pour les chambres.
Ce second niveau est le magasin. Il servait à ranger les affaires des gardiens.
Mais il y avait également le frigo, pas assez de place dans la cuisine, et la douche. Celle-ci était peu utilisée car l'eau était rationnée.
Depuis le départ des gardiens et les fuites dans les silos, une cuve sert à l'entreposage du fioul.
La cuisine est la pièce de vie la plus importante. Mais l'espace est fort réduit, un demi-cercle d'un rayon de 1,40 m. Il a fallu placer armoires, réchaud, évier, table et chaises dans si peu d'espace avec des murs arrondi. Le mobilier est en bois et fait sur mesure.
Sans oublier la porte et la fenêtre. Celle-ci était dans un renfoncement (épaisseur du mur). Le gardien qui n'était pas de quart s'y mettait pour laisser la place à son collègue pour préparer le repas.
Le mur et le sol sont recouverts d'un carrelage.
La photo ci-dessous montre un téléviseur. Il avait été offert par la par la revue Télé 7 Jours en remerciement d'un reportage effectué sur les gardiens (Noël 1962). Il est arrivé en piteux état suite à la tempête subie durant la traversée.
JP Abraham et Lucien Le Priol (assis à table).
Jean Yves Le Bars.
Germain Carval
Les chambres étaient au nombre de 3. Une par étage. La chambre au-dessus de la cuisine est la chambre du chef.
Les meubles, les murs et le plafond sont en bois.
La chambre 3 est la chambre réservée à l'Ingénieur. Elle avait un œil de bœuf comme fenêtre. On la voit sur la photo au-dessus de l'inscription AR.
Lorsqu'il n'y a plus eu que deux gardiens, cette chambre est devenue la salle radio avec un petit bureau.
Germain Carval.
Germain Carval.
Germain Carval.
Il n'y a pas de plan de coupe pour cet étage mais c'est identique aux autres étages.
L'escalier en pierre s'arrête à cet étage.
Les moteurs devaient être les groupes électrogènes, le compresseur pour la sirène et les réservoirs à air. Comme on le voit sur la photo, il y avait aussi les pompes pour monter le carburant.
La sirène a été remplacée par un vibrateur dans la première moitié des années 70.
La salle de veille se trouve en dessous de l'optique. On y arrive en traversant la salle des moteurs et en prenant l'échelle métallique.
Les murs de cette pièce est recouvert de bois, comme les chambres.
Comme cette pièce est petite, le fauteuil où le gardien veille se trouve en dessous de la cuve à mercure. Il y avait très peu de place car la machine qui actionnait la rotation de l'optique s'y trouvait aussi.
Au départ, la rotation était activée par un système d'horlogerie animé par un poids de 60 kg. Il fallait le remonter durant la nuit. Plus tard, le système a été électrifié.
Sur une photo, on voit l'échelle qui même à la lanterne.
Germain Carval.
Laurent Valin.
Michel Plouhinec en 1981.
La lanterne, point culminant du phare. C'est l'endroit qui demande le plus d'entretien pour les gardiens. Nettoyage de l'optique et du bruleur, test de la rotation et nettoyage des vitres.
Lors de la mise en service en 1881, l'optique était fixe avec une focale de 0,70 m.
Ce n'est qu'en 1897 que l'optique est montée sur une cuve à mercure.
En 1990, l'optique change et elle a une focale de 0,25 m.
Et c'est en 2019 que la cuve est vidée. L'optique tourne sur roulements.
Voici un extrait du mail reçu de GAD-Distribution : je vous confirme que sans accord de notre part vous ne possédez pas les droits du programme « Les Gardiens de nos côtes ». Je vous demande donc de procéder au retrait immédiat de tous les extraits de l’œuvre mis en ligne sur votre site. |
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J'ai donc retiré l'extrait de cette émission diffusée sur Thalassa du 8 janvier 2016 qui concernait le phare d'Armen. Les 14 minutes proposées sont impayables .... ! La culture a un prix. |
La réalisation de cette page a été possible grâce à l'aide d’anciens gardiens ayant travaillés dans ce phare.
Il a aussi été possible de la documenter par des photos intérieures et des films. Ces photos ne sont pas faciles à trouver. De nombreux gardiens les tiennent et refusent de les publier. D'autres n'en ont simplement pas l’autorisation.
Une série de photos est extraite d'une vidéo digitalisée. Elle a été réalisée en 1995.
Je les remercie tous pour cette aide.
Si cela vous tente de l'approcher, Archipel Excursions vous propose de découvrir tous les phares de la mer d’Iroise, au départ du Conquet. Cette excursion permet de s'approcher des 6 phares "enfer" de mer d'Iroise : Le Four, La Jument, Kéréon, Les Pierres Noires, Armen et La Vieille.