On ne peut comprendre ce qui se passe actuellement sans connaitre l’historique du lieu.
La Pointe de la Coubre se trouve à la limite de l’entrée de la Gironde et de l’océan atlantique. L’endroit est dangereux pour la navigation car il faut encore compter sur les bancs de sable. Une signalisation est donc indispensable.
Dés 1680, une balise est posée sur la pointe et une tour en bois voit le jour en 1830 et en 1860. Rien ne résiste à la montée des eaux.
Le premier phare en pierre est construit et mis en service 1895. Cette fois, ils prennent des précautions, il est placé à 1,5 km des côtes. En 5 ans, la mer a rongé 1 km de côte.
En 1900, le danger guette et il s'écroule en mai 1907. Une solution urgente s’impose. La construction du suivant est décidée en 1904. Le nouveau phare est construit à 2 km du rivage. Il sera en béton et mis en service en 1905. C’est le phare actuel.
Mais le niveau de la mer continue à monter.
Les dés sont jetés et les responsables connaissent le problème depuis longtemps.
Et maintenant .. ! C’est la bonne question. Qu’ont-ils fait ? Je dirais : rien. Mais ce n’est pas exact. Il faut nuancer.
En 2016, le phare a été repeint. Il en avait besoin. Était ce la priorité ? Sans doute pas. Mais c’est un attrait touristique important pour la région. Son bel habit attire le public mais ne le sauvera pas.
Officiellement, c’était pour éviter que l’humidité n’entre dans le béton et pour colmater les fissures. Mais aux dires des spécialistes des façades, cette peinture empêche l’humidité de sortir. La couleur ne tient pas à la base. Dilemme surtout face à la mer.
De plus des coulées de rouille s’échappent de la barbette. Humidité intérieure qui sort ? Humidité qui passe derrière le métal ?
De toute façon, la peinture aura duré 10 ans. Le pari est gagné.
Les abords du phare ont été aménagés et sont accueillants. Les gestionnaires font tout pour l’accueil des touristes et ils permettent la montée à la terrasse. Ils alimentent la page Facebook pour faire vivre le phare avec des photos et vidéos.
Le phare est donc menacé mais la signalisation est indispensable pour la navigation. Il est fort à parier que les Phares et Balises, responsables, ne seront pas pris de court. Des solutions de rechange sont surement établies. Faute de moyens, il ne sera pas remplacé par un autre.
Maintenant, on s’inquiète de plus en plus mais un peu tardivement. On parle de déconstruction.
Une belle vidéo explique le problème pour le grand public.
Comme les pétitions sont d’actualités, on en trouve même trois. Auront-ils du succès ? On peut l’espérer.
Voici la première, la seconde et la troisième pétition.
Ces pétitions disent la même chose. Il faut le sauver, c’est un monument classé historique (15 avril 2011). Peu de solutions sont proposées.
A qui vont-ils les déposer ? Qui est propriétaire ? Phares et Balises, sans doute. Mais ils ont un budget pour la signalisation, leur travail prioritaire, mais surement pas assez pour le sauver.
Même si classé.
D’autres pays rencontrent les mêmes problèmes : la montée des eaux et l’érosion des côtes.
Dans ces pays, les régions et les associations sont fieres de préserver le patrimoine. Ils le montrent en se plongeant dans le problème et ils trouvent des solutions.
Sont-elles possible pour la sauvegarde de la Coubre ?
La première solution face à cette montée des eaux est la construction d’une digue. Les Pays Bas sont champions dans le domaine. Toute la côte n’est qu’une digue.
Ce mur en béton est recouvert de sable et forme une dune. Ils ont même mis des plantes pour accrocher le sable. La photo montre un exemple. Ici la dune est fort haute mais la route est en dessous du niveau de la mer.
La seconde solution est le déplacement du phare. Cela s’est fait à plusieurs reprises. Le Cap Hatteras a été reculé de 1 km, le phare de Gay Head de 40 m et, plus proche de nous, le phare de Rubjerg Knude prit dans les dunes.
Cette solution est surement la plus couteuse et sans doute la moins réaliste aux vues du terrain.
Maintenant, d’autres phares n’ont pas su être sauvés. Je pense à Orfordness et très proche, Beauduc.
Dans ces deux cas, le terrrain ne permet pas le déplacement.
On peut penser que la déconstruction, si nécessaire, a pour but d’éviter des accidents en cas de chute. Quand ? Difficile à dire. Dans la vidéo, il est dit quand la dstance entre le phare et la mer sera réduite de moitié. Une bonne tempête et la mer peut prendre 20 m sur la dune.
Le projet va surement consister à enlever la lanterne puis l’optique. Surement la cuve et son système de rotation. C’est du poids et le mercure ne fera plaisir à personne.
On peut aussi espérer qu’ils vont découper précautionneusement le sommet pour pouvoir récupérer la partie terrasse. Il serait bien pour la mémoire du phare de remonter l’ensemble dans un endroit accessible au public et passionnés des phares. A l’image de ce qui a été fait à Lezardrieux.
Difficile de conclure cette page. Elle va évoluer en fonction des mesures qui seront prises.
C’est un coup dur pour les visiteurs, pour la région et les amateurs de phares. Mais ceux-ci devaient s'en douter.
Tout était prévisible. Ne dit-on pas : "Gouverner, c'est prévoir ; et ne rien prévoir, c'est courir à sa perte" ?
Je remercie les photographes qui m'ont aidé, tant par leurs photos que leurs conseils, à la réalisation de cette page.