Le phare de Cordouan : phare des rois, roi des phares.


Le plus vieux phare de France se trouve à l'entrée de l'estuaire de la Gironde.
Dés le moyen âge, des moines s'étaient installés sur l'île de Cordouan. Ils allumaient un feu pour signaler un danger en cas de mauvais temps.
Au XIV ° siècle, le trafic maritime s'intensifie et le Prince Noir, fils du roi Edouard III d'Angleterre, fait construire une tour, la Tour du Prince Noir. A son sommet, on allume de grands feux.
Deux siècles plus tard, la tour est en ruine et, en 1584, le Maréchal de Matignon demande à l'ingénieur architecte Louis de Foix de construire un phare, le phare de Cordouan.
Il a fallu 27 ans pour ériger ce phare. Louis de Foix ne vit pas le phare terminé car il décède en 1602.
Le feu est situé à 37 m au dessus du niveau de la mer et il est alimenté en bois et huile.

Le phare subit les assauts de la mer. Une violente tempête détruit le haut du bâtiment en 1645. Les soubassements sont renforcés et le dôme est reconstruit en 1664. La partie supérieure est reconstruite en 1724 et, en 1782, le premier feu à réverbères paraboliques est allumé.
Mais la portée du feu est insuffisante, il faut surélever celui ci. De plus, le phare est en mauvais état. Ainsi, l'ingénieur Joseph Teulère fait de nouveaux plans. La tour est rehaussée de 30 mètres en conservant le rez-de-chaussée et les deux étages. Le style Louis XVI surmontera le style Renaissance.
En 1790, le feu est équipé du premier feu tournant à réverbères paraboliques. Il est constitué de lampes à huile, le combustible est un mélange de blanc de baleine, d'huile d'olive et d'huile de colza.
En 1862, il est le premier phare classé au titre des monuments historiques.
En 1823, Augustin Fresnel installe son premier appareil lenticulaire à système tournant. Une lampe à trois mèches concentriques est approvisionnée à l'huile de colza.
Le phare est électrifié en 1948 par deux groupes électrogènes. Par la suite, différents types de lampes seront installés et le feu fixe est transformé en feu à occultations avec trois secteurs colorés.

Parmi les grandes dates, il faut noter que le phare est inscrit sur la liste indicative des monuments susceptibles d'être classés au patrimoine mondial de l'UNESCO.

De nombreux travaux sont entrepris depuis 2005. Il y a un renforcement de la cuirasse, la rénovation complète des équipements et l'automatisation des feux. En 2013, une restauration complète du bâtiment est entreprise. Ces travaux doivent s'achever en 2021.

Une autre date importante a été le vendredi 29 juin 2012. Ce jour là a eu lieu la descente des deux derniers gardiens.

Chaque image peut être agrandie par un click de souris.  


Coupe du phare en 1611.
(Archives de la Ville de Bordeaux).


Coupe du phare actuel (auteur inconnu).


La visite du phare.


L'extérieur.

A l'arrivée du bateau, il faut emprunter le chemin d'abordage, appelé aussi le "peyrat". C'est le chemin que les gardiens empruntaient avec bagages et matériel.

A l'approche du bâtiment, on constate que les 3 premiers niveaux sont cylindriques. C'est la construction réalisée par Louis de Foix. Il a voulu une oeuvre monumentale avec des colonnes et frontons.
L'entrée se fait par la porte à marée, quelques marches traversent la cuirasse. Une fois franchie, on se trouve dans la cour principale du phare.


Rez-de chaussée - l'appartement de l'Ingénieur.

Ce logement est composé de deux pièces lambrissées en chêne. Elles étaient mises à la disposition des ingénieurs lors des visites au phare.
Il est situé dans la cuirasse.


Rez-de chaussée - le vestibule.

Le vestibule est la pièce située au rez-de-chaussée de la tour. Au début, les minuscules chambres des gardiens se trouvaient sur le pourtour du vestibule. Par après, elles ont été déménagées dans la couronne servant d'enceinte au phare, à côté de la cuisine.
Le plafond de la pièce présente une ouverture appelée "occulus". C'est par ce puits que les gardiens montaient le combustible.
La visite continue en visitant les six étages du phare. Pour accéder à la terrasse, il faudra gravir 301 marches.
Dans la partie construite au XVI siècle, l'escalier en colimaçon est en dehors de chaque pièce.


1° étage - l'appartement du Roi.

L'appartement du roi se trouve au 1° étage mais aucun roi n'y a jamais habité. Le sol est en marbre. Cette pièce aurait été utilisée comme cuisine.
Quatre bustes des personnages qui ont marqués le développement du balisages des côtes ornent cette salle :
- Augustin Fesnel,
- Léonce Reynaud,
- Léon Bourdelles,
- Charles François Beautemps-Beaupré.


2° étage - la chapelle.

La chapelle est un endroit unique dans les phares. Elle montre l'attachement de la monarchie à la religion catholique.
Au dessus de la porte, on trouve de haut en bas, un texte dédié à Louis de Foix, son buste et un texte dédié à Louis XV. Comme dans l'appartement du roi, le sol est en marbre et les pilastres sont de style corinthien.
La voûte est à caissons, mode à l'époque en Italie et en Espagne. Les vitraux ont été ajoutés en 1855. Ils représentent Saint Anne, Saint Michel, Saint Pierre et Sainte Sophie.


3° étage - la salle des Girondins.

La salle des Girondins est le premier étage du rehaussement de la tour en 1786. Joseph Teulère qui est en charge du travail veut garder l'intégralité du travail de Louis de Foix. Comme la tour devient conique, l'escalier n'est plus un colimaçon séparé des salles mais il est situé le long des murs de chaque salle.
Joseph Teulère porte beaucoup d'intérêt à la taille des pierres. Il confie ce travail à Joseph Besse Aîné. Une plaque en cuivre lui est dédiée : "Jean Besse Aîné a conduit l exhaussement de cette tour en calité d apareilleur en chef, l'an 1789".  


4° étage - la salle des contrepoids.

Le 4° étage est la salle des contrepoids. Jusqu'en 1987, la lumière était cadencée par une cache qui tournait autour de la lampe. La machine de rotation était entraînée par un système d'horlogerie qui date de 1780. Le poids devait être remonté toutes les trois heures.
Le phare de Cordouan a été le premier à utiliser cette technique développée en Suède.


5° étage - la salle des lampes.

C'est dans cette salle que fut stocké le matériel d'éclairage. Le combustible est hissé grâce au treuil.
Les combustibles utilisés ont été un mélange de bois - poix - goudron (1611), du blanc de baleine (1664), du charbon (1717), mélange blanc de baleine et huiles (1790), huile de colza (1823) puis huile minérale (1870), gaz de pétrole (1907) en enfin l'électricité en 1949.


6° étage - la salle de veille.

Le 6° étage est la salle de veille ou salle de travail des gardiens.
La journée, ils remplissaient le carnet où ils indiquaient les heures d'allumage et d'extinction, ainsi que les événements importants.
La nuit, deux lits à alcôves permettaient de se reposer tout en observant le bon fonctionnement du feu.


Dernier étage - l'optique.

Arrivé au 7° et dernier étage, on découvre un panorama grandiose sur l'estuaire de la Gironde et ses bancs de sable.
C'est également de cette terrasse que l'on a une vue sur la lanterne (fermée au public).
En regardant cette optique, il faut se dire que c'est ici que la plupart des innovations ont été testées en grandeur nature.


Fin de la visite.

La visite est terminée. Je suppose que vous vous dites "Ce n'est qu'un au revoir".
Le bateau attend ... ! A bientôt.


Informations sur la visite.


Pour la visite d'un phare en mer, il faut bien sur prendre le bateau. Mais il faut surtout consulter les horaires. Ceux ci changent quotidiennement aux rythmes des marées.

Les départs sont organisés de chaque rive de l'Estuaire de la Gironde. Voici les compagnies qui effectuent la traversée :

Depuis Royan :
- Croisières la Sirène : horaires et tarifs. . Téléphonne : 06 81 84 47 80

Depuis Verdon-sur-Mer :
- Vedette La Bohême : horaires et tarifs. . Téléphonne : 05 56 09 62 93


Les derniers gardiens de phare de l’état sont partis à la retraite en 2012. Depuis, ce sont des gardiens du SMIDDEST qui ont pris le relais.

Vous pouvez les retrouver sur la leur page Facebook.
Voici deux sites de référence qui m'ont aidé à la réalisation de cette page:
- le site le plus complet avec visite 3D
- un second site également très complet.

Je tiens également à remercier Heike T., Olivier M., Véronique Malamitsas et le SMIDDEST pour les photos.